LES GUERRIERS DE L’APOCALYPSE
« Le temps des mille ans s’achève. Voilà que sortent les nations qui sont aux quatre coins de la terre et qui égalent en nombre le sable de la mer. Elles partiront en expédition sur la surface de la terre, elles investiront le camp des saints et la ville bien-aimée »(XXe chant de l’Apocalypse)
Les guerres sectaires aidant, les terroristes islamiques se sont scindés pour former plusieurs courants, les uns plus terrifiants que les autres que nous pouvons à loisir observer en Palestine, au Mali, en Syrie, au Nigéria et en Irak, entre autres, où un nouveau groupe terroriste qui sème la terreur a vu le jour : L’EIIL, (État islamique en Irak et au Levant)… qui s’appelle désormais l’EI dès lors que ses visées hégémoniques se sont démultipliées.
Ces différentes factions terroristes qui ont en commun la haine de l’Occident, sont (par la grâce de ces mêmes « occidentaux honnis »), puissamment armés dès lors que les armes livrées par les USA, la France et l’Angleterre aux opposants à Bachar el Assad, en Syrie, sont passées pratiquement aux mains des djihadistes de l’EI. Elles proviennent aussi des arsenaux libyens qu’à la demande de Bernard Henry Levy (BHL) -l’éminence grise de Nicolas Sarkozy- et sur l’ordre de ce dernier, l’aviation française a « mis à jour à ciel ouvert », ce qui représente un volume d’armements considérable…
Les armes sont également les blindés, les tanks et l’armement lourd pris à l’armée irakienne en déroute… de quoi équiper abondamment des régiments de djihadistes…
Dans son allocution audio diffusée du 29 juin 2014, premier jour du mois de Ramadan, destinée aux musulmans du monde entier, le cheikh Abou Mohammed al-Adnani, porte-parole de l’EIIL (ou Daash), a annoncé le rétablissement du califat sous le nom d’Etat islamique (EI) et la désignation d’Abou Bakr al-Baghdadi comme calife, c’est-à-dire chef de la communauté musulmane au plan mondial. Celui qu’on surnomme désormais « L’Attila du Levant », se réserve le titre de successeur au prophète Mahomet, une distinction abolie le 29 octobre 1923 par Kamal Atatürk, fondateur de la Turquie moderne.
Dans son discours, il annonce que son organisation portera désormais le nom d’État islamique (EI), sans aucune limite géographique, et ce, afin de marquer ses ambitions de s’étendre au monde entier, au-delà des frontières.
Et ce nouveau calife use d’un argument de poids : La charia (loi islamique) qu’il applique dans toute sa rigueur, sans le moindre état d’âme. Désormais le chef, c’est lui ! C’est à lui que les musulmans du monde entier doivent obéissance, car il incarne la « légitimité islamique », la seule, l’unique, celle qui transcende les appartenances nationales et culturelles, celle qui a pour raison d’être et de fondre tous les musulmans dans la oumma (communauté des Musulmans), en attendant d’assujettir toute l’humanité à Allah.
Fin juillet 2014, dans une déclaration publiée sur un compte Twitter affilié à l’organisation terroriste, « Attila » a affirmé au peuple palestinien que « ce n’est qu’une question de temps » avant que ses djihadistes n’arrivent en Israël pour se joindre à la lutte contre les « Juifs barbares »…
Cet EI, groupe terroriste sunnite, prône une version extrême de l'Islam. Sur fond de tensions, il tente de répandre son influence comme une traînée de poudre au Proche-Orient, déstabilisant toute la région et semant la mort sur son passage, notamment celle des Chrétiens et des Kurdes. Il dispose de moyens financiers considérables. L’argent provient de plusieurs pays du Golfe (adeptes d’une hypocrite « neutralité ») ainsi que des coffres de diverses banques, comme celui de la succursale de la Banque Centrale Irakienne pillé à Mossoul en juin 2014, avec un butin de 425 millions de dollars. Son « financement » passe aussi par le commerce de pétrole avec la production de plusieurs raffineries comme celles de Tikrīt et Baiji ainsi que par le pillage d’antiquités vendues au prix fort en Occident par des réseaux mafieux. L'EI serait déjà à la tête d'un trésor de guerre de 1 à 2 milliards de dollars. Par ailleurs, fort de ses 10 à 15 000 combattants fanatisés à l’extrême, prêts à mourir dans la voie d'Allah, sa domination sur le terrain s’intensifie inexorablement. Il contrôle désormais environ 25% de la Syrie (45.000 km2) et 40% de l’Irak (170.000 km2), soit au total 215.000 km… l’équivalent du Royaume-Uni (237.000 km2).
La « destruction d’Israël » demeurant l’une de ses priorités, sa réalisation passe obligatoirement par la conquête totale de la Syrie, ce qui lui assurerait le contrôle permanent du Plateau du Golan, position stratégique située à la frontière nord de l’état hébreu. C’est la raison pour laquelle de violents combats opposent régulièrement le groupe djihadiste syrien du Front Al-Nousra(filiale de l’EI)aux troupes de Bachar el-Assad.
Le 28 août 2014, après de lourds combats, ce groupe a pris le contrôle du poste frontière de Quneitra, à quelques centaines de mètres d’Israël, occupé jusqu’alors par le régime syrien, faisant par là même prisonniers 45 Casques bleus Fidjiens… transformés désormais en otages, d’où un regain de tension dans la région et une surveillance accrue de Tsahal qui a relevé son niveau d’alerte et déployé des renforts. « Nous n’intervenons pas, nous observons simplement » a dit un officier israélien au Jerusalem Post.
Selon l’agence iranienne Fars, du 21 juin 2014, confirmé par le quotidien arabophone tunisien Attounissia, du 4 août 2014, le Qatar (notre sublime ami !) a recruté 5000 mercenaires originaires d’Afrique du Nord pour les envoyer en Irak et en Libye combattre aux côtés de l’EI. Cela signifie qu’après avoir activement contribué à l’embrasement de la Syrie et de l’Irak, le Qatar veut déplacer le feu de la guerre civile et de la barbarie en Libye, c’est-à-dire, inévitablement, en Tunisie et en Algérie.
Cette tragico-comédie mise en scène par l’EI et jouée par un acteur dont la folie n’a d’égal que la cruauté, a inspiré un autre illuminé, Aboubakar Shekau, leader du groupe terroriste nigérian, Boko Haram, qui, assoiffé de conquête tend à prendre pied au Cameroun, a annoncé que la ville de Gwoza dont il s’est rendu maître, a été placée sous le règne du Califat Islamique. « Nous sommes venus pour rester. Ils appellent ce pays, le Nigéria. Nous sommes dans le Califat Islamique. Nous n’avons rien à faire avec le Nigeria », a-t-il précisé.Nous voilà donc désormais avec deux califats autoproclamés qui ne peuvent s’attirer la moindre réprobation du monde Musulman, puisqu’ils viennent de ressusciter une institution fondamentale de l’Islam.
Quant au Hamas, qui a prit par la force le contrôle de Gaza en éliminant son principal opposant, le Fatah, lors d’un coup d’Etat en 2007, il n’a pas hésité pour assurer sa « souveraineté » à exécuter –en place publique- par centaines, les membres de la Force 17 du Fatah créé par Yasser Arafat. Par ailleurs, ce qui fait actuellement la force de ce groupe terroriste, c’est son alliance avec les « Frères Musulmans » en Egypte, le Qatar (notre ami !) et la Turquie. Sans leur soutien, le Hamas se serait effondré avec le régime des « Frères Musulmans » en Egypte l’été dernier. Il se trouve que tous considèrent la guerre du Hamas contre Israël comme un moyen de remettre au pouvoir les « Frères Musulmans » en Egypte. Ils n’ont, par conséquent d’autre solution, que celle d’aider financièrement et militairement ce groupe terroriste, sachant par ailleurs, combien il en coûte aux médias occidentaux de dénoncer la répression sanglante qu’il exerce contre sa population, l’utilisation cynique des civils réduits à être des boucliers humains et les tirs de roquettes à partir des hôpitaux des mosquées et des écoles…
Dans un de ses récents numéros (volume 41, n° 4), le Journal of Palestinian Studies, publié par l’Institut des Etudes Palestiniennes (IEP), indique qu’au moins 160 enfants palestiniens qui travaillaient dans des conditions proches de l’esclavage sont morts dans la construction des fameux tunnels du Hamas, à Gaza. Et l’auteur de conclure de la sorte son reportage : « Comme dans l’Angleterre victorienne qui utilisait des enfants pour creuser des mines, le Hamas profite de la petite taille des enfants pour creuser ses tunnels »…
Cette guerre révolutionnaire que les dhihadistes mènent actuellement contre les pays islamiques a pour conséquence funeste de « tranquilliser » le monde occidental, voir, de l’anesthésier. En effet, le bruit de la mitraille, les cris de douleur et de détresse des populations victimes de la barbarie ne parviennent que parcimonieusement jusqu’à lui et il s’en détourne pudiquement s’imaginant n’être ni concerné, ni menacé car, bien loin des théâtres d’opérations… Quelle grossière erreur que cette réaction primaire simpliste !
Combattre l’Occident et le détruire, parvenir jusqu’à Rome et Paris, implique en premier lieu le renversement en terre musulmane des gouvernements ayant des relations avec l’impérialisme et de leur remplacement par un ordre intégralement islamique. Cela seul servira de point de départ à la guerre au-dehors. En clair, la guerre avec l’ennemi prochain (états arabes nouant des relations avec le monde occidental) est plus importante –pour l’instant- que la guerre avec l’ennemi éloigné (l’Occident).
Pour s’en convaincre, il n’est que se reporter aux extraits de l’opuscule de Muhammad Abd Al-Sâlam Farag : « L’obligation manquante » (1981) dont voici quelques lignes :
- L’instauration de l’Etat islamique est une obligation et si l’Etat ne peut être instauré que par la guerre, celle-ci est pour nous un devoir…
- Les gouvernements actuels des musulmans sont en état d’apostasie puisqu’ils se sont nourris à la table de l’impérialisme, celui des Croisés ou celui des communistes ou celui des sionistes…
- Le moyen d’instaurer l’Etat islamique, c’est l’exode dans un autre pays, l’établissement de l’Etat islamique dans ce pays là en vue du retour au pays en vainqueurs et le soutien donné au groupe des émigrés.
- Aujourd’hui, le champ de bataille, c’est la Ville sainte, Jérusalem, qu’il faut libérer, chose hautement sacrée.
On comprend mieux désormais pourquoi les intégristes islamiques accordent leur priorité d’action à l’épuration interne des gouvernants arabes soupçonnés de condescendance avec les pays occidentaux.
Dans cet univers de violence et de haine, les « fous d’Allah », « guerriers de l’apocalypse », s’enhardissent chaque jour un peu plus, dopés qu’ils sont par la passivité de l’Occident. La décapitation des journalistes américains James Foley et Steven Sotloff en est une preuve suffisante et un défi supplémentaire lancé à la « Grande Amérique ».
Et voilà, sous nos yeux, les barbares qui frappent aux frontières, les peuples loups qui grondent aux lisières des bois… Pressés de courir à leur tour la grande aventure de la civilisation et exaltés par la présomptueuse conviction qu’ils détiennent des recettes miraculeuses, ils négligent les trésors de l’héritage. Ils veulent tout détruire, tout raser pour tout recommencer sur les décombres d’un passé qu’ils haïssent parce qu’ils ne le comprennent pas. Et ils tentent d’imposer leur loi par l’assassinat et la terreur à des sociétés qui ont su dissiper ces cauchemars depuis si longtemps qu’elles n’en imaginent plus l’éventuel retour. Voilà qu’enchaînées par les règles qu’elles ont accumulées pour se prémunir contre les excès de leur propre colère, les sociétés stupéfaites s’abandonnent aux coups que leur portent des colères inconnues. Et voilà que s’écroule la civilisation parce que les barbares puisent dans son raffinement, ses complications et son indulgence, la seule force qui rend leurs débordements irrésistibles. Ils retrouvent naturellement le plaisir d’égorger sachant combien timide sera la répression. Jamais les passions déchaînées n’ont fait autant de ravages, semé autant de morts… Jamais on n’a assassiné autant d’hommes au nom du bonheur de l’humanité… Jamais le mot de Malaparte n’a été plus juste : « Jamais on n’a couché autant de Christs dans les charniers du monde ! » Et nous, pauvres occidentaux, timorés, craintifs et désunis (l’intervention esseulée de la France au Mali en est une preuve suffisante), sommes en passe de perdre cette ultime guerre qui nous est imposée parce qu’irrémédiablement condamnés à capituler au nom de la défense de la civilisation qui n’est autre qu’un suicide devant un assaut qui en nie l’essentiel.
José CASTANO
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