Des anciens de l’armée israélienne dénoncent : mieux vaut tard que jamais ?
C’est de manière anonyme que 43 anciens soldats de l’unité de renseignement militaire israélien ont dénoncé la politique d’occupation israélienne et, pour certains d’entre eux encore susceptibles d’être appelés comme réservistes, annoncé ne plus vouloir endosser l’uniforme.
« Nous, anciens de l’unité 8200, réservistes mobilisés ou mobilisables, déclarons que nous refusons de prendre part à des actions contre les Palestiniens et de continuer à être instrumentalisés pour renforcer le contrôle militaire sur les Palestiniens dans les territoires occupés », écrivent 43 officiers et soldats signataires d’une lettre adressée au premier ministre et au chef d’état-major israéliens et transmise vendredi à l’AFP dans une version anonyme.
« Nous ne pouvons plus continuer à servir ce système et à dénier leurs droits à des millions de personnes tout en gardant bonne conscience », disent les signataires, anciens membres de cette unité spécialisée dans la « cyberdéfense », chargée notamment des écoutes et du recrutement de « collaborateurs ».
Ils dénoncent « la persécution politique » à laquelle participe leur activité d’espionnage ; des tribunaux militaires rendant leurs jugements sans que les Palestiniens aient accès aux preuves rassemblées contre eux et des agissements montant les Palestiniens les uns contre les autres.Il y est question de mise sous surveillance de millions de Palestiniens sans distinction, jusque dans leur vie privée.
Ils s’en prennent plus largement à la règle militaire sous laquelle des millions de Palestiniens vivent depuis plus de 47 ans ainsi qu’à la colonisation et à l’hypocrisie d’une politique invoquant les nécessités de sécurité pour se justifier.
Une femme parle de l’erreur d’identification qu’elle a commise et qui a conduit selon elle à la mort d’un enfant. D’autres s’émeuvent d’avoir à écouter les conversations les plus intimes de Palestiniens.
« Si tu es homosexuel, et que tu connais quelqu’un qui connaît quelqu’un qui connaît l’homme que l’on recherche, Israël va transformer ta vie en enfer », explique un autre à titre d’exemple.
« C’est comme cela qu’on recrute des agents partout dans le monde, cette méthode du chantage se trouve dans n’importe quel manuel du renseignement de n’importe quelle armée », commente le colonel de réserve Itamar Yaar, ancien vice-président du Conseil de sécurité nationale interrogé par l’AFP.
« Nous appelons tous les soldats qui servent actuellement dans cette unité ou qui vont y servir, tous les citoyens d’Israël à faire entendre leurs voix contre ces abus et agir pour y mettre un terme », dit leur lettre.
L’armée a nié la réalité de ces accusations et a affirmé dans un communiqué ne « pas avoir d’informations selon lesquelles des violations spécifiques mentionnées dans cette lettre ont eu lieu ».
CAPJPO-EuroPalestine