Crise ukrainienne : La carotte ou le bâton
CHÉRIF ABDEDAÏM :
Après la tenue d’un référendum, la Crimée, en tant qu’Etat indépendant, adressera à la Fédération de Russie une demande d’adhésion au sein de la Russie en qualité de sujet fédéral », a expliqué le porte-parole.
La semaine dernière, le parlement de Crimée a voté en faveur de l’adhésion de la république au sein de la Fédération de Russie et décidé d’organiser un référendum sur ce sujet le 16 mars 2014.
En dépit de cet état de fait, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a déclaré samedi dans une conversation téléphonique avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, que toute démarche favorisant le détachement de la Crimée du territoire ukrainien rendrait impossible un règlement diplomatique de la crise, écrit mardi le quotidien RBC Daily.
Washington a déjà laissé entendre qu’hormis les sanctions promises contre de hauts fonctionnaires russes, il comptait faire pression sur la Russie en renforçant la présence militaire de l’Otan aux frontières russes.
Le président américain Barack Obama s’est également entretenu par téléphone avec les dirigeants des pays baltes pour la première fois depuis le début de la crise en Ukraine. « Le président a confirmé l’engagement des Etats-Unis pour la protection collective dans le cadre du traité de l’Atlantique Nord et son soutien à la sécurité et la démocratie de nos alliés baltes », a déclaré la Maison blanche. La projection dans les pays baltes de six chasseurs américains F-15 supplémentaires, appelés à renforcer la sécurité de l’espace aérien des alliés, devrait convaincre ces derniers du sérieux des promesses d’Obama.
Ce qui vient en partie renforcer les ambitions des Etats baltes qui affichent depuis quelques jours la volonté d’augmenter leur budget de défense pour être mieux à même de faire face aux agissements de la Russie limitrophe. C’est le leitmotiv entendu à Tallinn, Riga et Vilnius, où les agissements russes en Ukraine inquiètent. Ces événements « envoient un message clair à l’Estonie et à l’ensemble de la région : « nous devons faire plus dans le domaine de la défense. Des budgets suffisants sont rès importants pour notre sécurité », a souligné le président Toomas Hendrik Ilves. En Lettonie, les dépenses de défense s’élevaient à 0,9% du PIB l’an dernier, en Lituanie à un peu moins de à,8%. Seule l’Estonie respecte l’objectif de 2% fixé aux membres de l’Otan. La hausse des dépenses sera progressive, a toutefois averti le ministre lituanien des Finances. La Lettonie, elle, a promis d’atteindre les 2% en 2020. AU désespoir de l’Estonie qui craint que, vu du siège de l’Otan, elle soit rangée dans le même panier balte des membres qui ne tiennent pas leurs promesses.
La Pologne, pour sa part, allant jusqu’à parler du déplacement de troupes de l’Otan aux «frontières de l’Est ». Discours confirmé par le ministre polonais de la Défense, qui, à la question : «La Pologne cherche-t-elle à obtenir une déclaration sur la participation militaire de lʼOtan ?», a répondu avec un «il est trop tôt pour en parler». Un «pour en parler» lourd de sens. La «vieille Europe», essentiellement lʼAllemagne et la France, sʼemployant à calmer le jeu, à rappeler quʼil faut garder ouvert un canal de discussions avec Moscou, bien sûr pour aider à trouver une solution à la crise, mais aussi en prévision des négociations à venir sur le traité START, sur les antimissiles… Les Britanniques restant, à lʼOtan comme ailleurs, étrangement silencieux. Il est vrai que leur premier souci semble être dʼéviter des sanctions économiques qui, par effet boomerang, pèseraient lourd sur la City où de très nombreuses entreprises russes sont cotées ! Et plus quʼun «canal de discussions» ouvert, ce sont les diplomates allemands – Angela Merkel jouant les premiers rôles –, français et américains qui tentent de convaincre Moscou de participer à un groupe de contact permettant dʼenfin «discuter» ou, plus précisément, faire dialoguer Russes et Ukrainiens.
Aussi, faut-il préciser que sur cet échiquier, l’absence d’unité de l’Occident concernant les sanctions diplomatiques et économiques à adopter contre la Russie pousse les Etats-Unis à renforcer la pression militaire sur cette dernière. Le sommet extraordinaire de l’UE, la semaine dernière, a montré que les puissances européennes n’y étaient pas prêtes. « Nous ne pouvons pas nous permettre une politique de sanctions à l’égard de la Russie car depuis que l’Allemagne a renoncé à l’énergie nucléaire nous sommes de plus en plus dépendants des fournitures de gaz russe. Les sanctions frapperaient comme un boomerang l’Allemagne et l’UE », a déclaré Hans-Werner Sinn, directeur de l’institut Ifo de Munich.
Face à cette « panique », et persuadé que le temps joue en sa faveur, Moscou ne semble pas pressé. Pour Poutine, lʼUkraine, comme au temps de la Guerre froide, est le «pivot géopolitique du continent». La Crimée – bien au-delà de lʼhistoire –, cʼest la base navale donnant accès à la Méditerranée. Celle de Tartous en Syrie nʼaurait pas grand sens pour lui, sʼil nʼa pas les mains libres en Crimée… Y conforter sa présence, cʼest aussi dire aux Moldaves – et aux Allemands – que la Transnistrie est «intouchable».
Et il nʼa pas encore eu besoin de rappeler que la protection des minorités russophones fait partie de la doctrine militaire russe ! Mais il sait aussi que lʼUkraine est un «plus gros morceau» que lʼAbkhazie. Donc il souffle le chaud et le froid, multiplie les signes pour «ancrer» la Crimée à la Russie, faisant annoncer quʼun pont de plus de 4 kilomètres serait construit sur le détroit de Kertch, permettant dʼarrimer enfin la Crimée à la Russie. Se sert des erreurs majeures des Ukrainiens sur lʼinterdiction des «autres langues», même Ankara a protesté au nom des Tartares turcophones. Mais il sait aussi que ce qui fut possible à Budapest, à Prague ne lʼest plus. Envahir lʼUkraine ? Dans les chancelleries, personne ne croit que cette solution soit envisagée. Reste donc la négociation. Mais la marge est étroite entre une Crimée en quelque sorte affermée à Moscou ou vraiment rattachée.
Après la tenue d’un référendum, la Crimée, en tant qu’Etat indépendant, adressera à la Fédération de Russie une demande d’adhésion au sein de la Russie en qualité de sujet fédéral », a expliqué le porte-parole.
La semaine dernière, le parlement de Crimée a voté en faveur de l’adhésion de la république au sein de la Fédération de Russie et décidé d’organiser un référendum sur ce sujet le 16 mars 2014.
En dépit de cet état de fait, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a déclaré samedi dans une conversation téléphonique avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, que toute démarche favorisant le détachement de la Crimée du territoire ukrainien rendrait impossible un règlement diplomatique de la crise, écrit mardi le quotidien RBC Daily.
Washington a déjà laissé entendre qu’hormis les sanctions promises contre de hauts fonctionnaires russes, il comptait faire pression sur la Russie en renforçant la présence militaire de l’Otan aux frontières russes.
Le président américain Barack Obama s’est également entretenu par téléphone avec les dirigeants des pays baltes pour la première fois depuis le début de la crise en Ukraine. « Le président a confirmé l’engagement des Etats-Unis pour la protection collective dans le cadre du traité de l’Atlantique Nord et son soutien à la sécurité et la démocratie de nos alliés baltes », a déclaré la Maison blanche. La projection dans les pays baltes de six chasseurs américains F-15 supplémentaires, appelés à renforcer la sécurité de l’espace aérien des alliés, devrait convaincre ces derniers du sérieux des promesses d’Obama.
Ce qui vient renforcer en partie les ambitions des Etats baltes qui affichent depuis quelques jours la volonté d’augmenter leur budget de défense pour être mieux à même de faire face aux agissements de la Russie limitrophe. C’est le leitmotiv entendu à Tallinn, Riga et Vilnius, où les agissements russes en Ukraine inquiètent. Ces événements «envoient un message clair à l’Estonie et à l’ensemble de la région : nous devons faire plus dans le domaine de la défense. Des budgets suffisants sont très importants pour notre sécurité», a souligné le président Toomas Hendrik Ilves. En Lettonie, les dépenses de défense s’élevaient à 0,9 % du PIB l’an dernier, en Lituanie à un peu moins de 0,8 %. Seule l’Estonie respecte l’objectif de 2 % fixé aux membres de l’Otan. La hausse des dépenses sera progressive, a toutefois averti le ministre lituanien des Finances. La Lettonie, elle, a promis d’atteindre les 2 % en 2020. Au désespoir de l’Estonie qui craint que, vu du siège de l’Otan, elle soit rangée dans le même panier balte des membres qui ne tiennent pas leurs promesses.
La Pologne, pour sa part, allant jusqu’à parler du déplacement de troupes de l’Otan aux «frontières de l’Est ». Discours confirmé par le ministre polonais de la Défense, qui, à la question : «La Pologne cherche-t-elle à obtenir une déclaration sur la participation militaire de lʼOtan ?», a répondu avec un «il est trop tôt pour en parler». Un «pour en parler» lourd de sens. La «vieille Europe», essentiellement lʼAllemagne et la France, sʼemployant à calmer le jeu, à rappeler quʼil faut garder ouvert un canal de discussions avec Moscou, bien sûr pour aider à trouver une solution à la crise, mais aussi en prévision des négociations à venir sur le traité START, sur les antimissiles… Les Britanniques restant, à lʼOtan comme ailleurs, étrangement silencieux. Il est vrai que leur premier souci semble être dʼéviter des sanctions économiques qui, par effet boomerang, pèseraient lourd sur la City où de très nombreuses entreprises russes sont cotées ! Et plus quʼun «canal de discussions» ouvert, ce sont les diplomates allemands – Angela Merkel jouant les premiers rôles –, français et américains qui tentent de convaincre Moscou de participer à un groupe de contact permettant dʼenfin «discuter» ou, plus précisément, faire dialoguer Russes et Ukrainiens.
Aussi, faut-il préciser que sur cet échiquier, l’absence d’unité de l’Occident concernant les sanctions diplomatiques et économiques à adopter contre la Russie pousse les Etats-Unis à renforcer la pression militaire sur cette dernière. Le sommet extraordinaire de l’UE, la semaine dernière, a montré que les puissances européennes n’y étaient pas prêtes. « Nous ne pouvons pas nous permettre une politique de sanctions à l’égard de la Russie car depuis que l’Allemagne a renoncé à l’énergie nucléaire nous sommes de plus en plus dépendants des fournitures de gaz russe. Les sanctions frapperaient comme un boomerang l’Allemagne et l’UE », a déclaré Hans-Werner Sinn, directeur de l’institut Ifo de Munich.
Face à cette « panique », et persuadé que le temps joue en sa faveur, Moscou ne semble pas pressé. Pour Poutine, lʼUkraine, comme au temps de la Guerre froide, est le «pivot géopolitique du continent». La Crimée – bien au-delà de lʼhistoire –, cʼest la base navale donnant accès à la Méditerranée. Celle de Tartous en Syrie nʼaurait pas grand sens pour lui, sʼil nʼa pas les mains libres en Crimée… Y conforter sa présence, cʼest aussi dire aux Moldaves – et aux Allemands – que la Transnistrie est «intouchable».
Et il nʼa pas encore eu besoin de rappeler que la protection des minorités russophones fait partie de la doctrine militaire russe ! Mais il sait aussi que lʼUkraine est un «plus gros morceau» que lʼAbkhazie. Donc il souffle le chaud et le froid, multiplie les signes pour «ancrer» la Crimée à la Russie, faisant annoncer quʼun pont de plus de 4 kilomètres serait construit sur le détroit de Kertch, permettant dʼarrimer enfin la Crimée à la Russie. Se sert des erreurs majeures des Ukrainiens sur lʼinterdiction des «autres langues», même Ankara a protesté au nom des Tartares turcophones. Mais il sait aussi que ce qui fut possible à Budapest, à Prague ne lʼest plus. Envahir lʼUkraine ? Dans les chancelleries, personne ne croit que cette solution soit envisagée. Reste donc la négociation. Mais la marge est étroite entre une Crimée en quelque sorte affermée à Moscou ou vraiment rattachée.
source/ http://www.les7duquebec.com/