Les juifs de France et d’Israël ont axé leurs attaques sur l’influence des pro-palestiniens parmi les socialistes et leurs amis et ont ainsi donné la majorité de leurs voix à Nicolas Sarkozy. Cependant la garde rapprochée de François Hollande comporte de nombreux juifs qui ne rejettent pas leur identité et qui resteront juifs à vie selon la Halakha, la loi juive.
Bien que les juifs arrivés au pouvoir ne montrent jamais beaucoup de zèle quand il faut défendre Israël, par crainte de se voir reprocher une position communautaire non objective, ils sont cependant en mesure d’infléchir la politique du gouvernement. Certes, des personnages célèbres, comme l’américain Henri Kissinger ou le chancelier autrichien Bruno Kreisky, ont prouvé dans le passé qu’ils avaient un positionnement politique indépendant de tout sentiment de solidarité communautaire et parfois même volontairement anti israélien.
De nombreux juifs sont actifs dans le comité de campagne de François Hollande et parmi eux, quelques uns se verront gratifiés d’un poste ministériel en cas de victoire socialiste. Leur identité juive n’est aucune garantie pour Israël.
Pierre Moscovici n’a jamais caché ses origines juives. Il avait même annoncé, à une émission de télévision, que la moitié de sa famille vivait actuellement en Israël, après avoir quitté la Roumanie. Cela n’en fait pas bien sûr un sioniste. Mais il pourrait instiller une dose d’équilibre dans la politique pro-arabe du Quai d’Orsay. On le voit aussi bien comme premier ministre que comme secrétaire général de l’Elysée où il aurait la main sur toutes les questions politiques.
Julien Dray a lui aussi une grande famille en Israël, dont son frère qui vit dans une implantation. Il avait été clair à propos de la guerre de Gaza : «Dans cette situation il y a d’abord un agresseur, évidemment le Hezbollah qui a pris la responsabilité d’ouvrir les hostilités en tirant des roquettes sur les populations israéliennes. Israël a répondu. Nous pensons que sa réaction est légitime au regard de l’agression». Il avait soutenu Ségolène Royal en 2007, ce qui pourrait lui valoir un coup de pouce de sa part pour entrer au gouvernement. Mais ses ennuis judiciaires et la suspicion d’avoir reçu une proposition d’être ministre d’ouverture de Nicolas Sarkozy, risquent de le plomber. Sa proximité avec DSK pourrait le disqualifier vis-à-vis du nouveau président.
Vincent Peillon a fait son «coming out» juif il n’y a pas longtemps, à l’occasion de «l’appel à la raison» Jcall, qu’il avait signé avec Daniel Cohn-Bendit, Elie Barnavi, Bernard Henri-Levy, Zeev Sternhell et Avi Primor. Sa grand-mère maternelle est juive. Sa mère, sœur du médecin Etienne-Emile Baulieu et de l’économiste Suzanne de Brunhoff, est chercheuse. En 2009, il avait célébré la Bar-Mitsva de son fils Elie à la synagogue de la Place des Vosges à Paris. Pour la circonstance, Vincent PEILLON, qui a épousé en seconde noces la journaliste Nathalie Bensahel, avait mis les tefillins et était monté à la Torah. Agrégé de philosophie, il serait nommé ministre de l’Éducation Nationale.
François Rebsamen, dont l’origine est d’Alsace-Lorraine, est juif et franc-maçon. Il est responsable des problèmes sécuritaires auprès du candidat socialiste. Il avait été chef de cabinet du ministre de l’intérieur Pierre Joxe. Il aspire à être ministre de la sécurité intérieure, sinon ministre de l’intérieur.
Harlem Désir a tenu quelques mois l’intérim du secrétariat général du parti socialiste et souhaite remplacer Martine Aubry qui ne rempile pas. Son père est martiniquais tandis que sa mère est juive alsacienne. Licencié de philosophie, il a dirigé l’UNEF et présidé SOS Racisme. Député européen, il est vice-président du groupe socialiste européen depuis 2004.
Chef des Verts et proche des sociaux démocrates en Allemagne, Daniel Cohn-Bendit, qui avait pris position dès avant le premier tour pour la candidature unique socialiste, pourrait créer la surprise. Au soir du premier tour, il avait damé le pion à Éva Joly en annonçant, avant elle, son soutien à François Hollande. Connaissant à fond les arcannes de la politique à laquelle il a été nourri dès son adolescence, bénéficiant d’une aura depuis 1968 et parlant parfaitement l’allemand, il pourrait faire un excellent ministre des affaires européennes, capable de peser sur les décisions d’Angela Merkel. Il serait en mesure de lui exposer la position française dans le cadre d’entretiens qui ne souffriraient pas de la lourdeur des interprètes.
Deux femmes entourent François Hollande. Adeline Hazan, d’origine égyptienne, quinqua du PS, députée européenne depuis 1999 est maire de Reims et a été présidente du Syndicat de la Magistrature de 1986 à 1989. Dans le cadre de la parité imposée par le futur président, elle pourrait bien hériter du poste de ministre de la Justice.
Michèle Sabban, vice-présidente du Conseil d’Ile-de-France est née en Tunisie. Diplômée des Beaux Arts, elle siège depuis près de vingt ans au Conseil Régional comme vice-présidente.
Enfin, sur le plan des amis non juifs d’Israël, le nom deJean-Michel Casa, directeur de l’Union européenne au Quai d’Orsay, est avancé pour occuper le poste de sherpa, conseiller diplomatique à l’Élysée. Il avait été remplacé en 2009 par Christophe Bigot au poste d’ambassadeur de France en Israël qu’il occupait depuis 2006.Tous les noms qui ont été cités dans l’article figure dans l’organigramme de l’équipe de campagne de François Hollande.