Des bactéries de 100 millions d'années ont été « ressuscitées » par des scientifiques.
99 % des bactéries ranimées
Les chercheurs ont mis leurs échantillons en incubation, en les nourrissant de nutriments riches en carbone et en azote. Au bout de 10 semaines, ils ont constaté que des isotopes de carbone et d'azote été apparus à l'intérieur des microbes, indiquant qu'ils avaient commencé à se nourrir comme des bactéries normales. « C'était incroyable : 99,1 % des microbes avaient survécu et ont pu être réanimés », commente Yuki Morono, l'auteur principal de l'étude parue dans la revue Nature Communications. D'autant plus remarquable que ces sédiments font partie de ceux qui contiennent le moins de nutriments au monde. Or, les bactéries, même en vivant au ralenti, ont besoin d'un minimum d'énergie pour assurer leur métabolisme.
Les scientifiques pensent qu'une très petite quantité d'oxygène a pu pénétrer dans la couche de sédiments, justement car cet écosystème profond est dépourvu d'activité microbienne normale qui consomme l'oxygène disponible. « Les bactéries sous-marines consomment des millions de fois moins d'énergie que leurs homologues de surface, explique Yuki Morono. Maintenant, nous savons qu'il n'y a pas de limite d'âge pour les organismes dans les fonds marins ».
Le saviez-vous ?
En 2000, une équipe avait prétendu avoir ressuscité une bactérie âgée de 250 millions d’années et enclavée dans des sels de cristaux sous forme de spore, mais des doutes avaient émergé sur le fait que les sels de cristaux aient pu être contaminés par des bactéries plus récentes.
Les bactéries, championnes de la survie
Certaines bactéries sont connues pour survivre à des environnements particulièrement hostiles, comme des milieux acides, dépourvus d'oxygène ou soumis à des températures et des radiations intenses. Elles peuvent par exemple stocker du carbone dans leurs cellules, recycler l'énergie à partir d'azote ou même « respirer » du métal ou de l’hydrogène. Mais c'est la première fois que l'on découvre qu'elles peuvent survivre aussi longtemps pratiquement sans énergie ni oxygène.
Si l'on peut dater relativement aisément les sédiments, il est cependant difficile d'estimer l'âge exact des microbes. Malgré les conditions extrêmes, certaines bactéries ont pu se multiplier, ce qui veut dire que celles qu'ont trouvées les chercheurs sont issues de leur descendance et sont donc plus récentes. Mais, étant donné l'extrême pénurie en énergie, c'est assez peu portable dans ce cas.