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ZIAD MEDOUKH, GAZA, ISRAËL, PALESTINE, ECHO DES MONTAGNES, FREDERIC BERGER

La bande de Gaza : blocus, agressions et souffrance, mais pas de haine

 

Réalité d’une région toujours occupée

 

Ziad Medoukh

 

 

 

C’est difficile de parler de moments de joie à Gaza, même s’ils existent. J'aimerais parler de ces moments, et faire connaître aux  amis et aux solidaires la volonté remarquable de notre population civile qui s’attache à la vie,  continue d'y croire, continue de rester digne sur sa terre, et confiante, malgré le blocus et la souffrance. Mais, chaque fois, il y a des morts, des blessés, des attaques et des agressions israéliennes qui touchent souvent les civils et  qui m’obligent à communiquer ces événements dans mes messages et mes articles.

 

J’essaie ,comme un simple citoyen palestinien de Gaza, d’informer les mouvements de solidarité dans le monde francophone et les amis, afin de  partager notre peine, afin que nous ne nous sentions pas  seuls ou abandonnés dans la réalité atroce de cette région toujours occupée et encerclée par une occupation qui veut écraser la volonté extraordinaire et la patience exemplaire d’une population, cette population qui veut la vie, qui persiste, qui résiste et qui garde espoir , une population enfermée, agressée, souffrante, mais digne.

 

Je suis un citoyen qui souffre avec tous les habitants des coupures d’électricité, du manque de beaucoup de médicaments, de la pénurie de carburant, ces habitants qui éprouvent énormément de difficultés à sortir de Gaza, mais qui ont décidé de rester attachés à leur terre, aux côtés d’une jeunesse déterminée. Je donne des témoignages, en toute objectivité, sur la réalité vécue par la population, au quotidien, loin de la haine.

 

Malheureusement, actuellement, à Gaza, c’est la souffrance, les difficultés, les bombardements, les incursions, les agressions, la fermeture des frontières, le blocus israélien inhumain, et l’absence de perspectives pour l’avenir.

 

Les forces de l’occupation ne veulent pas laisser les Palestiniens de Gaza mener leur vie normalement, elles  rendent cette vie très difficile, elles essayent de provoquer les forces de résistance par leurs agressions permanentes.

 

Ces agressions sont quotidiennes : contre les pêcheurs, les paysans, incursions, destruction des arbres, des maisons,  arrestations des pêcheurs, réduction de la zone de pêche, remise en place de la zone tampon.

 

On compte plus de 50 morts palestiniens en pleine trêve depuis la dernière agression israélienne de novembre 2012  (contre deux israéliens tués) et plus de 1000 violations israéliennes de cette trêve.

 

Les habitants de Gaza se font assassiner, presque tous les jours, sans décence, par l’armée de l’occupation. Il s’agit d’une politique délibérée, d'un mépris de la vie humaine.

 

Le problème est que  personne n'en parle, ni les médias, ni les organisations des droits de l’homme, mais le plus grave aussi est que ceux-ci  approuvent la version israélienne

 

Des observateurs et des médias, voire des personnes dites démocrates et progressistes, reprennent cette version. Ils déclarent  que les personnes assassinées à Gaza sont des combattants et non des civils,  et que les attaques et agressions  sont souvent des ripostes à des missiles et des roquettes lancées par des factions palestiniennes contre les colonies israéliennes proches de la bande de Gaza Mais les femmes, les personnes âgées, les enfants, les paysans, les pêcheurs et les ouvriers qui ont été tués par l’armée israélienne sont-ils des combattants ? Et de quel mouvement ou de quelle faction ?

 

On a vu lors des derniers raids israéliens sur Gaza début mars 2014, comment les médias ont couvert ces événements,  et on a entendu  l’Europe officielle s'élever contre la chute de roquettes venues de Gaza, sans toucher  mot du blocus israélien qui entre dans sa huitième année : deux poids, deux mesures !

 

On entend dire aussi que le blocus est égyptien, ou que le gouvernement qui dirige Gaza est responsable de cette situation! Ma réponse est simple : le blocus est 100% israélien, et  la punition israélienne veut atteindre les civils de Gaza. On a vu que lors de deux attaques militaires israéliennes, en 2009 et 2012, ce sont les infrastructures civiles qui ont été visées, comme les routes, la centrale électrique et les usines.

 

Tout cela est révoltant, c’est de l’injustice, c’est la haine de l’occupant, mais notre volonté est plus forte que leur haine, nous avons choisi, nous, de rester à Gaza , en dépit de toutes ces difficultés. Très attaché à la vie, on s’adapte, on construit, on reconstruit, on vit simplement et on espère !

 

Nous avons appris de  nos mères à être tolérant, à n'avoir point de haine, et nous sommes en train de transmettre  ces principes à nos enfants.

 

On n’attise pas la haine, on informe, on décrit la dure réalité, telle qu’elle est.

 

Nous avons choisi la vie et pas la mort, nous préparons un avenir meilleur pour nos enfants, nous les envoyons à l’école, nous leur enseignons la tolérance.

 

Les Palestiniens, en majorité, veulent vivre en paix, mais les provocations, les attaques israéliennes d’une part et les médias étrangers qui cherchent des clashes, ne montrent pas  la vraie réalité de Gaza.

 

Toutes les mesures de l’occupation incitent les Palestiniens à la haine, mais les Gazaouis sont  contre les provocations, ils continuent de mener leur vie sous les menaces israéliennes, ils gardent espoir, mais sans haine, malgré tout.

 

L’armée de l’occupation contrôle tout, le ciel, la terre et la mer de Gaza, détruit une maison appartenant à un civil, bombarde un quartier en pleine nuit, tue un adolescent qui se trouve à coté d’une zone frontalière, blesse un pêcheur ou un paysan, attaque la seule centrale électrique, interdit l'entrée des carburants. Alors, comment les gens de l’extérieur si mal informés par leurs médias peuvent-ils nier cette dure réalité ?

 

Les médias étrangers se taisent quand un palestinien de Gaza qui manifeste pacifiquement est tué, mais ils parlent quand il y a une attaque israélienne, riposte à un missile lancé de Gaza. Ce missile  ne fait pas de dégât,  c’est une façon symbolique de résister, mais il est utilisé par l’armée de l’occupation pour assassiner, tuer, détruire et écraser la volonté remarquable  d’une population civile.

 

Pourquoi ces médias et ces gens ne parlent-ils  jamais du développement de la résistance par la non-violence et des manifestations pacifiques de ces jeunes palestiniens de Gaza, souvent réprimées par les forces de l’occupation israélienne ?

 

Ces gens qui nient la dure réalité vécue par notre population civile ne savent pas ce qu'est  une occupation, une humiliation, ils ne savent pas ce que c'est de laisser un patient mourir à un passage, ils ne savent pas ce que c'est d'attaquer la seule centrale électrique et d'interdire l'entrée du  fioul et du carburant, ils ne savent pas ce que c'est de briser le rêve d’un jeune qui voulait poursuivre ses études à l’étranger, ils ne savent pas ce que c'est de n'avoir que six heures d’électricité par jour. Ajoutons à cela les enfants qui effectuent des dizaines de kilomètres à pied pour rejoindre leurs écoles car les moyens de transport sont paralysés, le  paysan qui risque sa vie pour chercher de quoi nourrir sa famille, le  pêcheur qui continue de pêcher malgré les menaces de mort, sous les tirs de la marine israélienne dans la mer de Gaza, et maints exemples de ces attaques et de ces provocations contre les civils..

 

Oui, pas de haine, même si toutes les provocations israéliennes veulent nous  pousser à la violence. Non, notre combat  n’est pas contre les juifs, ni les civils, notre vrai combat est contre les colons et les soldats israéliens qui se trouvent de façon illégale dans des territoires reconnus occupés par les Nations-Unies. Nous voulons vivre en paix, mais une paix dans la justice.

 

Un dernier mot : la plume de paix des Palestiniens est plus forte que le feu de haine des occupants, comme la lumière de l’amour l’emporte sur les ténèbres de l’horreur.

Un seul mot aux gens qui nient toute cette souffrance et cette réalité dure de Gaza : soyez humains.

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