Procès BDS D’Alençon : les Tartuffes démasqués !
Si les Ghozlan, Goldnadel & Co avaient voulu populariser le boycott d’Israël, ils ne s’y seraient pas pris autrement ! Les quelques 200 soutiens à la campagne BDS qui se sont relayés dans la salle d’audience ce jeudi 27 juin, de 9 du matin à 16 H 30, n’ont pas été déçus. Un vrai festival : 7 prévenus déterminés et sûrs de leur bon droit, dont le doyen Pierre Fresnay, 80 ans, qui n’a pas la langue dans sa poche, 5 autres retraités de la fonction publique, et la cadette, une institutrice de 54 ans, 4 témoins de grande qualité, et une plaidoierie admirable de l’avocate de la défense, Me Dominique Cochain !
C’est le procès de l’hypocrisie qui s’est déroulé aujourd’hui à Alençon où 7 militants ayant participé à une action de boycott dans un magasin Carrefour Market de la ville en février 2010, comparaissaient pour répondre dont on ne sait pas vraiment quels faits, puisque le Parquet qui a entamé ces poursuites n’ a pas été capable de motiver ses reproches.
Ils sont en effet allés à une vingtaine ce jour là dialoguer avec le responsable du magasin pour lui demander d’enlever des produits étiquetés « Israël », mais sans la moindre traçabilité, et ayant de très fortes chances de provenir des colonies illégalement installées dans les territoires palestiniens occupés.
Ce que le responsable du magasin a fait de bon gré, n’ayant pas d’argument à leur opposer. Il a même refusé de déposer plainte, précisant lors de l’enquête que tout s’était passé de manière très courtoise et sans le moindre trouble à l’ordre public.
Les clients à l’entrée du magasin ont quant à eux reçu un tract les mettant en garde sur les tromperies sur la marchandise présente dans certains rayons et leur demandant de ne pas encourager la colonisation israélienne.
Plusieurs prévenus ont d’ailleurs porté plainte auprès du procureur contre le caractère trompeur et frauduleux de l’étiquetage de certains fruits et légumes, mais leur plainte a été classée sans suite !
En revanche, les demandes de la Chambre de Commerce France-israël, malgré le caractère irrecevable de cette association qui n’a pas qualité pour porter plainte contre une « incitation à la haine raciale » ainsi que celles des autres officines israéliennes que l’on retrouve dans tous les procès BDS, ont été prises en compte malgré leur absence totale de fondement ;
Elles accusent en effet ces militants (pris au hasard sur la vingtaine qui ont participé à cette action) de discrimination raciste (en détournant comme d’habitude l’article de loi qui punit les « discriminations contre une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine, leur ethnie, leur religion ou leur nation ») et d’« entrave à l’exercice normal d’une activité économique ».
Ainsi Me Markovitch qui représentait à lui tout seul les 4 parties civiles se faisait-il à la fois le défenseur :
- des « pauvres consommateurs qui n’avaient pas pu trouver d’avocats israéliens dans les rayons de ce supermarché » pendant quelques heures
- des travailleurs palestiniens lésés dans leurs ressources économiques par cette action vu que ce sont souvent eux qui récoltent ces fruits et légumes dans les colonies (sic)
- de la nation israélienne
- et plaidait une fois de plus que le boycott des produits israéliens pouvait choquer des âmes sensibles, à la vue d’images représentant des oranges sanguines, ou pousser à l’antisémitisme des imams qui décrètent des fatwas contre les juifs...
Un vrai catalogue à la Prévert, M. Markovitch ayant surmonté depuis longtemps toute peur du ridicule, lui qui se promène à tous les procès avec deux gardes du corps pour assurer sa « sécurité ».
Alain Bertin, Joseph Montier, François Tollot, Pierre Fresnay, Chantal Mallet, Nicole Busnel et Christine Coulon, ont d’abord défilé à la barre pour expliquer le caractère politique de leur démarche et la revendiquer, dans la mesure où ils ne voient pas de meilleur moyen de soutenir la cause palestinienne dans un contexte de violation de tout le droit international et des droits de l’homme par Israël, avec la complicité de nos gouvernants.
Pierre Fresnay qui a personnellement vécu l’Exode pendant la deuxième guerre mondiale et participé au boycott des oranges outspan pendant la ségrégation en Afrique du Sud a promis que s’il a la chance de vivre aussi longtemps que Stephane Hessel, il consacrerait ses prochaines 14 années à lutter contre l’expulsion et le nettoyage ethnique des Palestiniens, s’il le fallait, et ne cesserait de boycotter Israël que lorsque le peuple palestinien aura retrouvé sa liberté et son foyer.
Leurs quatre témoins,, Alain Krivine du NPA, Alain Bosc de la Cimade, Jean-Claude Lefort, ex-président de l’AFPS, ainsi que Daniel Lévyne de l’UJFP, ont complété leurs arguments, en faisant valoir notamment que :
- des millions de professions de foi de la LCR comprenant tout un paragraphe pour appeler au boycott d’Israël, ont été validées sans problème par la Commission ad hoc lors des élections européennes de 2009 !
- la majorité des parlementaires européens avaient eux aussi appelé à suspendre l’accord commercial entre l’Europe et Israel en 2002, du fait du non respect des droits de l’Homme par cet Etat et que personne ne les avait poursuivis en justice pour antisémitisme.
- que seul le boycott d’Israël était systématiquement mis en cause alors que tous les autres appels à boycotter d’autres pays ne posaient aucun problème....
- que c’était le monde à l’envers d’accuser de discrimination des personnes qui luttent justement contre les terribles discriminations que subissent les Palestiniens depuis des décennies.
Me Dominique Cochain a réduit en miettes les pseudo-arguments des parties civiles et de la Procureure qui a demandé aux juges d’entrer en condamnation et requis une amende de 1000 euros contre chaque prévenu.
Après avoir montré la nullité de toute la procédure : problèmes de prescription, absence de motivations des accusations, double qualification (incitation à la haine raciale et entrave économique), elle a mis en cause le système judiciaire qui ose produire des circulaires aussi aberrantes que celle de Mme Alliot-Marie, s’appuyer sur ses mensonges (concernant notamment les produits casher), et donner aux parquets des ordres qui relèvent de toute évidence de consignes politiques détournant sans scrupule le droit.
Elle s’est indignée que l’on ose évoquer la « violence morale ou verbale » du boycott quand on ne s’émeut pas de la violence réelle qui s’exerce quotidiennement contre la population palestinienne, à coup de bombes au phosphore, d’emprisonnement, de torture des enfants, de démolitions de maison, de murs et de miradors.
Elle a également souligné le peu de respect du droit international des parties civiles, qui continuent dans une enceinte judiciaire, à parler de « territoires disputés ou contestés », refusant le qualificatif de « territoires occupés » pourtant établi par la France.
Et ce lobby israélien n’a qu’un objectif, a-t-elle martelé : faire taire tous ceux qui se sentent concernés par le sort des Palestiniens. Et ce n’est d’ailleurs pas uniquement le boycott des produits israéliens qu’ils veulent faire interdire, mais toute manifestation, toute exposition, toute conférence universitaire, tout reportage qui montre la réalité de l’occupation israélienne.
Alors, Mesdames et Monsieur les juges qui rendrez votre jugement le 19 septembre, un peu de dignité et de courage, un peu de considération pour votre propre métier !
CAPJPO-EuroPalestine